Népal

25 octobre 2018 0 Par anne@25saul
Népal

Katmandu, Patan, Bhaktapur

नेपाल : काठमाडौँ   पाटन   भक्तपुर

Jadis, ces trois villes formaient trois royaumes distincts, rivalisant non par les  armes mais par leurs palais, leurs temples, leurs statues. Les temples, construits en teck et en briques, sont actuellement en métal et briques, le bois étant devenu trop cher.

Après le cimetière anglais aux tombes européennes, nous irons sur les ghats de crémation,  marches qui recouvrent les rives d’une rivière, où les corps sont incinérés, ce qui permet aux cendres d’être emportées par la rivière.

La plupart des informations proviennent soit de nos amis népalais, soit de notre guide.

À Katmandu, la rivière Bagmati est sacrée, car elle se jette dans le Gange. Hindous et bouddhistes viennent à Pashupatinath, le temple hindou le plus sacré du dieu Shiva au Népal, dans lequel les non Hindous, ou nés en dehors du Népal et de l’Inde sont interdits d’entrée. On narre que Shiva, fatigué de son palais cherchait un autre lieu, et il découvrit Katmandu. Il fut connu sous le nom de Pashu Pati, le seigneur de animaux. Ce temple, construit en forme de Pagode -comme la plupart des temples au Népal-, date du 17ème siècle. Au sommet, un pinacle d’or, symbole de la pensée. Si les singes errent tranquillement, c’est qu’ils sont sacrés, le dieu Hanuman ayant l’apparence d’un singe. Les vaches, sacrées elles aussi, errent elles également dans ce lieu, car on dit que l’âme pour partir au « paradis » s’accroche à la queue de la vache qui l’aidera à traverser le fleuve y menant. Raison pour laquelle une vache est offerte au temple lors d’une crémation. 

On voit des lits blancs devant les ghats : ceux qui ne veulent pas mourir à l’hôpital se font amener au bord de l’eau sacrée au moment où ils sentent leur fin proche. 

Notre second guide nous raconte que son grand-père, « homme très important dans sa communauté et très considéré par les prêtres bouddhistes », a été crématisé dans la position de Bouddha assis en lotus. 

Les rituels diffèrent quelque peu, selon que le défunt fait partie d’une classe pauvre ou aisée. À « Pashu », deux emplacements de crémation, l’un à droite de l’entrée pour les moins riches, l’autre à gauche pour les plus riches. Sur les piles en pierre, les corps brûlent en trois ou quatre heures. Le même bois – bois très sec qui brûle aisément-  est utilisé pour tous, mais pour les plus riches on ajoute de plus petits morceaux de bois. Cependant un principe fondamental commun : on naît nu donc on meurt nu.

Au moment où nous y étions il n’y avait que deux bûchers car l’eau était trop basse devant les autres, elle remontera lors de la mousson.

La cérémonie se déroule en plusieurs étapes : 

  • Avant la crémation, on amène le corps au bord de la rivière, les pieds -partie vénérable du corps et chargée de symbolisme dans l’hindouisme-  sont lavés avec l’eau de la rivière. Tous les gens de la famille prennent de cette eau et en posent sur la bouche. Ils font trois fois le tour du bûcher en portant le corps, puis ils le déposent, le recouvrent de paille (excellent combustible). Le feu est allumé près de la bouche. Si le père défunt a plusieurs fils, l’aîné porte la première flamme ; s’il s’agit de la mère, c’est le rôle du plus jeune. Le prêtre donne du riz, précise comment le déposer en cinq petits tas sur le lit de la crémation, puis il verse de l’eau et jette le riz dans l’eau avec un grand seau d’eau puisée dans la rivière, où il va pieds nus ! Le brahmane, normalement, ne doit pas participer physiquement à une crémation, mais il touche 1 500 roupies pour chacune, alors que le salaire mensuel moyen d’un Népalais est de 12 000 roupies ! Et les crémations ont lieu jour et nuit…
  • Pendant la crémation: le coquillage, une conque d’escargot de mer, le sankha, dans lequel des hommes soufflent, appartient au rituel hindouiste et bouddhiste où il représente Vishnu. Les hommes portant des bonnets rouges appartiennent à l’ethnie Newar (la plus haute caste car on dit que les Newar furent les premiers habitants  de la vallée de Katmandu). Ils viennent de se raser la tête en signe de deuil et les autres participants ne sont pas censés voir leurs crânes rasés. Les tissus sont ceux que portait le défunt au moment de son décès. La poudre rouge, le sindhur, appliquée sur le défunt (la même que celle utilisée pour la tika posée sur le front), est utilisée à la fois pour dire au revoir et pour envoyer l’âme au Ciel. Les packs jaunes, kathro, entourés de tissu jaune dans lequel ils doivent être brûlés, contiennent les effets personnels du défunt. 
  • Après la crémation: un personne de la famille dépose dans la rivière un sac plastique qui contient un texte rédigé par un astrologue, une sorte d’acte de naissance : maintenant la vie est finie. À la manière des chercheurs d’or, des hommes et des gamins, toute la journée, fouillent à la recherche de quelque métal plus ou moins précieux, de quelques pièces dans le lit de la rivière où des fleurs mortuaires, souvent des œillets d’Inde, fleurs de mort comme au Mexique, sont emportées doucement par le courant.
  • 10 jours après la crémation, quand le mort revient, il doit voir les offrandes de riz, la nourriture essentielle. Les prières pour les défunts ont lieu tous les 3 mois, puis tous les 6 mois, puis tous les ans, à la date anniversaire du décès. Un an après le décès, à chaque jour anniversaire, le fils se rase la tête, et on prie (ce sont les gens que nous voyons de l’autre côté de la rivière). Pendant 13 jours il est interdit de manger du sel, sauf une fois après le coucher du soleil, le sel étant considéré comme impur. Il est également interdit de faire de la musique et de porter des couleurs d’où le blanc couleur de deuil.

Précisons que mourir pour les Népalais, c’est renaître.

NB : L’étoile à 5 branches symbolise le cœur de Vishnu, comme la svastika, quelle que soit l’orientation des branches.

À préciser : nous avons été gênés par le bruit constant des voitures, des motos, des klaxons, mais jamais par une odeur.